mercredi

Mec, tombe, à côté

Hier, on était mardi. Mardi 14. Février. Saint-Valentin.
J'avais deux invitations pour assister à l'adaptation théâtrale d'un roman suédois. Le roman, je l'avais lu il y a un bail; je me rappelais plus bien, juste j'avais aimé.
Nomination Molière 2011, j'ai proposé à un collègue de boulot de m'accompagner à une pièce de qualité... Ouais. Je me rappelais plus bien. "Une vraie histoire d’amour qui raconte l’union des corps, puis des cœurs." Ah! J'aurais mieux fait de me rappeler, ouais! Imagine la gueule du collègue de boulot. Un 14 février. A ton avis, il pense quoi? "A la même chose que vous, gros dégoûtant!" Sauf que, à moins que, "mon inconscient", j'avais pas prémédité. Même qu'au départ, il était question qu'on aille au cinéma.
"Pièce tendre et caustique", ouais. Seulement j'osais même pas rire, pétrifiée que j'étais de cette nouvelle bourde -oui, j'ai déjà un précédent avec le collègue en question. Le jour où il m'a envoyé un mail pour m'inviter à prendre un café, j'ai dit ok en mettant dans la boucle un autre collègue qui avait été oublié dans l'invitation. En fait, y'avait pas d'oubli. L'invit', c'était pour moi. Pas pour le collègue-. Nouvelle bourde, donc. Emmener un mec-qui-s'intéresse voir une histoire d'amour un jour de Saint-Valentin! Je suis sûre qu'on l'a lui avait jamais faite encore, celle-là.
Pendant la pièce nos genoux se sont frôlés; au café qui a suivi la pièce, nos pieds se sont cognés; à chaque fois je me demandais si c'était voulu ou non. A la sortie du café, le mec-qui-s'intéresse a carrément demandé, ma vie amoureuse, toussa; je savais pas quoi dire. Sur le quai du métro, j'ai tendu la joue ostensiblement. Il m'a semblé qu'il hésitait. Il a simplement serré mon bras en me bisant. Je me suis enfuie, le cœur à côté. A la sortie du métro, j'ai reçu un sms qui regrettait le départ précipité et souhaitait me retrouver immédiatement.
J'ai dit non. J'ai dit plus tard. J'ai demandé si je pouvais dormir d'abord.
C'aurait pu être une chouette Saint-Valentin.