vendredi

La folle journée ou...

... Le mariage de Figaro, Beaumarchais, 1782.

LA COMTESSE. (...) Ah, je l'ai trop aimé ! Je l'ai lassé de mes tendresses et fatigué de mon amour ; voilà mon seul tort (...)
(Acte II, scène 1)

*

La Comtesse. Que vouliez-vous en elle ?
(...)
Le Comte. Je ne sais : moins d’uniformité peut-être, plus de piquant dans les manières, un je ne sais quoi qui fait le charme ; quelquefois un refus, que sais-je ? Nos femmes croient tout accomplir en nous aimant : cela dit une fois, elles nous aiment, nous aiment (quand elles nous aiment) et sont si complaisantes et si constamment obligeantes, et toujours, et sans relâche, qu'on est tout surpris, un beau soir, de trouver la satiété où l’on recherchait le bonheur.
(Acte V, Scène 7)

mercredi

Se 'lover'

Mon amour pour toi -car oui, je t'aime. Depuis très tôt. A la stupéfaction de tous, moi comprise- est: admiration, affection, ardeur, association, attachement, baise, béguin, bouillonnement, chaleur, contemplation, désir, engouement, entente, enthousiasme, estime, feu, folie, goût, inclination, intérêt, ivresse, liaison, penchant, plaisir, relation, sens, sentiment.
Il n'est pas: amourette, amusement -bien que nous nous amusions beaucoup-, aventure -et dieu sait que c’en est une!-, bluette, caprice, flirt, intrigue -même si... Énormément!-, passade, touche.
Pas plus qu'il n'est: amitié, fraternité, tendresse.
Il pourrait être: adoration, concubinage, enfant, mariage.
Il ne se peut...

samedi

Compter

Un jour, j'ai arrêté d'accorder de l'importance aux choses, jusqu'aux êtres parfois même. J'ai cessé de compter les jours, de retenir les dates. Pour que faire? Au bout du compte, retenir, oublier, est-ce que ça change quelque chose? Est-ce que ça change ce qui est, ou sera? Ce qui a été?
N'empêche, aller sans le barda des souvenirs est-il plus facile, plus commode quand vient la nuit ?...

Tu comptes pour moi.
A savoir que tu es important, et aussi que tu sais, les dates, les chiffres, anniversaires, que tu peux rappeler, fêter, commémorer. Te retourner. Contrairement à moi qui ne me retourne jamais après les adieux.

vendredi

Down the road

Deux vieilles jacassent comme des pies, la rangée devant nous. Tu prends aussitôt les mesures qui s'imposent: nous installer à l'autre bout du wagon pour moitié vide. Je m'allonge sur la banquette pour terminer ma trop courte nuit de sommeil. En vain. Tu monopolises mes pensées. J'essaie de ne pas te regarder dormir, de peur de me faire prendre; je tâche de reporter mon attention sur le paysage qui défile en accéléré, sur le vert de la campagne grisé par la fraîcheur matinale, sur les panneaux illisibles des gares que l'on traverse en un instant...

Je suis partie si souvent déjà. Des allers. Des retours. Sans retour... Pourtant, j'espère te garder un peu. Plus. Longtemps. Je veux tout avec toi. Je ne veux plus te quitter.

jeudi

Away we go

Tu m'as invitée à faire le pont avec toi. Un grand pont, un pont de toi à moi. Un qui fait monter la température du dehors et du dedans, un qui mène aux bords de mer.
Il est tôt en ce jour férié qui ne verra pas de grasse matinée mais une traversée à grande vitesse de la campagne française. Tu as relevé les accoudoirs et, allongée de tout mon long sur la banquette, abandonnée à ton corps défenseur, je ne vois plus du paysage que le ciel tombé sur terre en vagues de brouillard, brouillard de rayonnement, de la joie d'être lovée dans tes bras. Comme un ange qui passe...

On prendra la vie comme elle vient On ne sera plus jamais un chien On aura des récompenses On prendra la vie comme on veut
Laisse aboyer les chiens La caravane est loin Laisse aboyer les chiens