mardi

Vileville

Rencontré lors d'une soirée, tu m'as invitée à un week-end en Normandie, dans la maison de ta maman absente. J'ai dit oui, craignant seulement que faute de mots faute de nous inconnus, le temps ne semble long et j'ai prié pour que tu sois causant. Tu as parlé -chaumière bocage valleuses falaises craie érosion galets platières géologie géologie tes études tes amis par milliers...-. Tu as englouti des litres de glaces -La laiti*re, italienne, Magn*m...- et sauté les repas gaillardement. Tu m'as menée de Dieppe à Etretat malgré tes maux de dos infinis et les saccades de la voiture. Tu m'as raillée quand j'ai dit où je devais aller lors de mon week-end normand avorté -Que des plages de sable. Normandie de touristes. Pas la vraie Normandie-. Tu m'as dit quand prendre mes photos, sous quel angle, à quel moment. Montré comment faire la vaisselle avec le contenu d'un verre d'eau -entre écologie et économie-. Démontré que l'homme détruisait tout ce qu'il touchait et que si ce n'était important pour l'homme lui-même, cela l'était pour la planète sa faune sa flore. J'ai eu le mal de mer, soûlée par l'air marin tes cours magistraux ta conduite -relâchant l'accélérateur ponctuellement, passant au point mort dès que nous gagnions de la vitesse -entre économie et c*nnerie-. J'ai hurlé ma rage aux passants, muettement, pleuré mon désespoir dans le colza. J'ai fini par prier pour que tu te taises.
Je n'aime pas ta voix, tes voix devrais-je dire, tes imitations bébêtes.
Je crois que tu n'as pas aimé mes silences non plus.