dimanche

Arrache mon coeur

5h56. Je me suis couchée il y a moins de trois heures. Encore trois heures avant, il y avait l'espoir, l'assurance, l'exemple. Et soudain, le vide. Vous étiez un; vous serez deux. Il n'y aura plus de T. & V. mais T. ou V. Un singulier redevenu pluriel. Un idéal terrassé par le réel.

+ cent trente-six fois trois heures

Prendre la clé des champs. Champ des possibles.

samedi

Tabac light

Nous nous sommes rencontrés il y a une semaine; vus trois fois déjà... Trois fois "déjà", c'est peu finalement. Comme tu dis, tu ne me connais pas, je ne te connais pas. On apprend, doucement. On essaie. Mais ce soir... Ce soir, tu cherches tu me pousses tu m'accules tu dis "ce qui m'a refroidi" et je n'entends plus, je ne peux plus, court-circuit. Tout se mêle là-haut: te refroidir davantage? je peux. abandonner et me taire à jamais? je peux. expliquer, m'excuser? je pourrais... pleurer, aussi. partir, encore. Pendant qu'il en est temps, entre le saumon à l'unilatérale et le croustillant de fraises. Et je reste. Et puis rendus là, autant baiser, toi, moi, la relation conditionnelle. Une fois pour toute, en finir, passer à autre chose.
Mais le danger ne conjure pas la peur. Du loup dans la bergerie. A moins qu'il n'y ait pas de quoi crier au loup à moins qu'il n'y ait pas de loup...
Tu es reparti, tu ne veux pas rester dormir. C'est mieux. A ta place, j'en aurais fait autant. Reste ton odeur. Une douce odeur que je voudrais garder un peu. Comme toi. Toi qui es reparti. Toi que je ne reverrai sans doute plus après la nuit et son lot de bons conseils. A ta place, je ferais pareil. Pourquoi, je voudrais que tu sois là, avec moi dans tes bras.

Tu souhaites qu'elle soit douce et je souris ô rêve impossible.

jeudi

Pique et pique et collégram

Je suis encore restée dormir, chez lui, dans ses draps, ses bras, tout contre lui. "Dormir"... A peine! Je n’étais pas chez moi; je n’étais pas seule.
Je réfléchis. Déjà. Au souvenir que tu me laisseras, quelle sera la dernière perception que j’aurai de toi.
Je me demande si ce sera le doux ronflement de la moto sur laquelle je te vois filer rue de la Brèche Aux Loups, ton casque soudainement doré comme un écho au beau soleil levant de cette première journée de printemps...
Juste avant, tu as claqué la porte derrière toi en me disant de prendre mon temps, que tu m’enverrais un sms dans la journée, pour nous voir ce soir peut-être. 7h15, tu étais en retard, il fallait que tu paies le stationnement résidentiel pour ta voiture puisqu'il était arrivé à échéance la veille, et que tu te hâtes de rejoindre la Maison ronde pour 7h30.
Je me poste derrière la fenêtre dans l’espoir de t’apercevoir une dernière fois. L’angle de vue n’est pas bon. Vrombissement de la moto que tu démarres et alors que je n’y comptais plus, vision fugitive, de celle d’une étoile filante...
Avant de quitter l’appartement, j’envisage de te laisser un mot sur la table du séjour, mot que je tracerai à l’aide des petits cailloux décoratifs de ton jardin japonais. "ENVIE". En posant la première pierre, je réalise que je n’ai pas matière pour mener à bien mon projet; je renonce. Puis serait-ce une bonne idée? En revanche, celle fomentée cette nuit me semble convenir: un roman hilarant sur l’univers de la musique, qui devrait te distraire de tes trous noirs et autres quarks indigestes que tu ingurgites actuellement... Je vais revenir le glisser dans ta boîte aux lettres et sur la deuxième de couv’, je mettrai quelque chose du goût de "Envie de te revoir à mon retour. Tu me plais." Ou, "Tu me plais. Envie de te revoir à mon retour." Je préciserai également ce que je n’ai pu faire la veille dans la discussion: que je n’étais pas sans emploi en 2006 car entre deux missions d’intérim comme tu l’as suggéré, mais parce que j’avais démissionné d’un poste en CDI –des perles aux cochons; c’est peut-être ce que tu penseras-. C’est idiot d’écrire cela là, sur un livre, mais je ne veux pas de malentendus. Je souhaite que tu saches de suite à qui tu as à affaire, que tout soit clair entre nous.
Las! "Que tout soit clair entre nous"...

Amstramgram

Sur le site, un message d’Amstramgram, disant sa hâte du lendemain 20h… Je me couche sur une natte d’optimisme.
Lundi, 19h48, je suis au RDV ; mini, talons, Houellebecq par la main. 20h, j’envoie un sms pour dire que j’y suis, mais lui ? "3mn". Il m’arrive droit dessus, désolé pour son retard inhabituel lui qui aime la ponctualité. Il a chaud, j’ai froid. Nous changeons de places, moi au chaud, lui au frais, souriant, volubile, questionneur, curieux, s’interrompant pour revenir à moi à chaque instant. Et pour me demander de retirer mes mains de devant ma bouche, image qui lui évoque diablement ma photo, sur le site. Au dessert, il se lève pour aller fumer et, "car je suis trop belle", m’embrasse en passant... Ne passe pas, se rassoit, attrape ma main par-dessus la table, effleure ma cuisse par-dessous, câlinement. Propose d’aller chez lui, sagement, pour un thé qu'il vient d’acheter. Tendre est la nuit. Caressant le nouveau jour. Et encore la nuit suivante ; prometteuse au lendemain. Enjôleuse, affolante, terriblement tentante.

Cela fait 8 jours. Je peux commencer à trembler. A tort ou à raison? A tort, car sans vraie raison. Il n’y a pas de raison; pas toujours. Alors, peu importe d’avoir raison.

Bon, brute, truand

Nous avons RDV à 20h dans un café du 12è. Pourquoi, en fait? Simplement parce que le RDV est pris depuis 8 jours. Sinon...
J’ai rencontré un Blondin avec lequel j’ai passé un moment magique vendredi, chez Georges, aux sommets de Paris; je l’ai revu avec délice pour un dîner, dimanche, dîner durant lequel je n’ai pas toujours été attentive à ses mots, dîner durant lequel j’ai eu fort envie de lui. Nous avons quitté le restaurant pour un dernier verre ailleurs, pour faire durer le plaisir le désir. Là, pour la première fois, nous avons parlé du site de rencontres par lequel nous -en- étions là, je ne sais comment ni pourquoi. Il a dit "Tout le monde ment sur sa fiche". Je me suis récriée. Il a maintenu "Tout le monde ment sur sa fiche". J’ai protesté encore; que moi, je ne mentais pas sur ma fiche; lui, avait-il menti? "J’ai menti sur mon âge. Parce que les femmes de mon âge ne me correspondent pas"... Je n’ai pas entendu, quelque chose s’est perdu. Du côté d’une affiche d’un kiosque à journaux, "La littérature nordique à l’honneur au salon du livre 2011". Il s’est interrompu sous prétexte de mon désintérêt de la question. Vrai que je n’ai pas insisté pour qu’il poursuive. J’en avais assez; assez entendu; assez perdu. Dommage brutal. Désaffection instantanée. J’aurais dû prendre un alcool fort. Je ne le fais jamais. Lui, si; flegmatique, optimiste; un whisky sec. De l’autre côté de la vitre, en terrasse, un groupe d’étudiants entonne des chansons de l’est.
Blondin aussi sonne de l’est; croate. Blondin me donne beaucoup de lui ce soir, par dessus le marché, un baiser, des baisers. J’essaie de voir, goûter, profiter de ce que je fantasmais sur la table de restaurant tout à l’heure. Peine perdue. Peine recouvrée. D’une nouvelle déception liée au site.
Blondin m’appelle Mignonne. Blondin me conduit chez lui. Je ne franchis pas le pas; je ne le fais plus. Je ne peux plus donner au premier venu comme si souvent auparavant; quand plus rien ne faisait chaud ou froid, faim ou soif, plutôt bien ou un peu moins mal. Je ne peux plus laisser mon corps au plus aimant pour finir salie, malgré eux, malgré moi.
Blondin hèle le taxi qui me ramène à zéro, à moi, la solitude. Demain est un autre jour. Once more.

mercredi

Dur, vrai, tatoué

Sauvages en héritage. Jusqu'au-boutistes. Des fous-rires à la Beavis et Butthead. Du silence. Des mots. Doux. Durs. Du cinoche. De la passion. De la Grom Fragola. Du téléphone (*). De l'électrique. De l'ascendance de la révolte. Rues des Petits carreaux des Archives Vieille du Temple Les Petites... "Tête de patate". Mille Feuilles et Deyrolle de vanités et papillons. Vagabonder. Gober les mouches. De l'impro. Du pinceau aux bureaux de l'avenue Ge*rges V. Franconville du 1er mai comme un poisson d'avril senteur muguet. Du vrai. Fort et léger.
Ex. In. Des amours. De l'amour.

(*) Nous, les téléphonophobes!

lundi

The Tree Guy

C'est comme si je l'avais frappé à la face. Un uppercut. Il est comme K.O. Sous le choc. Sérieusement ébranlé. Me fait répéter l'information. Rumine ou médite, "alors comme ça, Will, c'est pas ton vrai prénom?" Nous sommes à la limite de l'incident diplomatique. Puis acquiesce "oui, ce n'est pas illogique." Docilement, je le suis à travers les rues de ce 17è arrondissement domestique et étranger en l'écoutant exposer "son travail au 1%". Rendus au bistro, rue de Dames, il interpelle le taulier sur le bleu qu'il a à la pommette. Me dit qu'il a choisi de ne pas se raser pour notre première rencontre; parce que c'est dimanche. Me demande ma couleur de cheveux. Mon signe. Astrologique?? Alors que je m'éclipse aux toilettes, il m'enjoint à le retrouver dehors où il va fumer. Je le retrouve donc, tirant sur sa cigarette roulée recherchant via G**gle les caractéristiques du sagittaire qu'il s'amuse à déclamer sur le trottoir. Lors, je me plais à lui demander les siennes, ce qu'il fait dans la seconde... De retour à notre table, il commande une limonade pour se désaltérer; sans se défaire de son blouson ou de son pull, ouvre grand la fenêtre à côté de lui parce qu'il fait chaud; me demande après coup si je ne vais pas avoir froid; si je porte des lunettes puisque je suis littéraire; combien de RDV? "Combien de RDV? de RDV Ad*pte, tu veux dire?" Non oui de RDV; oui de RDV Adopte... Sur le chemin du métro, il indique qu'il a été aide-soignant; oui aussi. Que c'est là qu'il a rencontré Michel Picc*li qu'il croise sans arrêt; enfin qu'il croise; ou plutôt qu'il a croisé deux fois déjà, mais à Paris ce n'est peut-être pas si étonnant finalement. Me demande pour la troisième fois, combien de RDV? Voudrait me poser une question indiscrète, "Pourquoi je n'ai pas d'enfant?" Si je veux jouer de la musique chez lui? non merci, je suis exténuée je vais plutôt rentrer. "On s'appelle, alors?" En dégringolant l'escalier, je me flatte de ne pas lui avoir laissé mon numéro ni signifié mon arrivée, tout à l'heure, par sms. De retour chez moi, un e-mail: "J’espère que tu es bien rentrée, c’était sympa cette petite discution, j’espère te revoir bientôt, bises, Tree".

samedi

Ombrella. Protect yourself, whatever happens

Nous avons RDV à 17h pour aller dans le troquet bobo du moment. Nous avons déjà eu RDV. Le même. A un jour près. Mais j'avais rencontré mon éphèbe ingé-son, celui qui voulait me présenter ses amis. J'avais donc annulé, sans vraiment d'état d'âme; notre correspondance n'était pas facile, le lien peinait à s'établir.
Ce samedi, il est là, face à moi, puis plus près, à côté, et le moindre de ses petits gestes me captive. Le cordon de sa capuche de sweat qu'il mordille, quelques choses -traits, expressions- qu'il a volé à mon beau et grand filleul -les années en plus malgré l'allure juvénile-...
Aujourd'hui à un feu rouge, il m’attrape par la taille en m'embrassant. Je n'y comprends rien.

dimanche

Spécial K

Il est beau et je lui ai déjà plu. Aucune raison, donc, pour que notre rencontre se passe mal. Soit, c'était il y a deux ans, mais... Je me suis tellement dépêchée que j'arrive en avance et que l'eau de la douche dont je sors à peine grelotte encore dans mes oreilles. Je le préviens que je suis là; il répond qu'il sera en retard. Dans la nuit noire sur la place de l'église, retrouvailles intuitives de l'arrogant et la lointaine de blanc vêtue.
Il me conduit dans un restaurant indonésien, ne se soucie guère que la cuisine ferme bientôt, choisit une table à cheval sur le pas de vitrine, commande augustement la même entrée et le même plat pour lui et moi... Je le regarde parler de sa grosse voisine qui couine fort amoureusement la nuit -de ce fait, il ne peut s'empêcher de penser à elle quand son amante couine à son tour un peu trop fort; l'horreur-, en me demandant pourquoi. Il n'y a rien. Rien ne se passe. De son côté, il prête de temps à autre une oreille lasse à mon mystère en cherchant sans doute ce qui lui a plu deux ans plus tôt. Mystère... Quand l'hôtesse nous met dehors, il propose malgré tout de me raccompagner. Sa bonne volonté faiblit quand il s'aperçoit qu'il faudra traverser une partie de Paris, et quand je lui propose de me déposer à la prochaine station, il a beau plaisanter sur mon possible fantasme de me faire violer dans le dernier métro, je perçois sa discrète hésitation.