jeudi

Bon, brute, truand

Nous avons RDV à 20h dans un café du 12è. Pourquoi, en fait? Simplement parce que le RDV est pris depuis 8 jours. Sinon...
J’ai rencontré un Blondin avec lequel j’ai passé un moment magique vendredi, chez Georges, aux sommets de Paris; je l’ai revu avec délice pour un dîner, dimanche, dîner durant lequel je n’ai pas toujours été attentive à ses mots, dîner durant lequel j’ai eu fort envie de lui. Nous avons quitté le restaurant pour un dernier verre ailleurs, pour faire durer le plaisir le désir. Là, pour la première fois, nous avons parlé du site de rencontres par lequel nous -en- étions là, je ne sais comment ni pourquoi. Il a dit "Tout le monde ment sur sa fiche". Je me suis récriée. Il a maintenu "Tout le monde ment sur sa fiche". J’ai protesté encore; que moi, je ne mentais pas sur ma fiche; lui, avait-il menti? "J’ai menti sur mon âge. Parce que les femmes de mon âge ne me correspondent pas"... Je n’ai pas entendu, quelque chose s’est perdu. Du côté d’une affiche d’un kiosque à journaux, "La littérature nordique à l’honneur au salon du livre 2011". Il s’est interrompu sous prétexte de mon désintérêt de la question. Vrai que je n’ai pas insisté pour qu’il poursuive. J’en avais assez; assez entendu; assez perdu. Dommage brutal. Désaffection instantanée. J’aurais dû prendre un alcool fort. Je ne le fais jamais. Lui, si; flegmatique, optimiste; un whisky sec. De l’autre côté de la vitre, en terrasse, un groupe d’étudiants entonne des chansons de l’est.
Blondin aussi sonne de l’est; croate. Blondin me donne beaucoup de lui ce soir, par dessus le marché, un baiser, des baisers. J’essaie de voir, goûter, profiter de ce que je fantasmais sur la table de restaurant tout à l’heure. Peine perdue. Peine recouvrée. D’une nouvelle déception liée au site.
Blondin m’appelle Mignonne. Blondin me conduit chez lui. Je ne franchis pas le pas; je ne le fais plus. Je ne peux plus donner au premier venu comme si souvent auparavant; quand plus rien ne faisait chaud ou froid, faim ou soif, plutôt bien ou un peu moins mal. Je ne peux plus laisser mon corps au plus aimant pour finir salie, malgré eux, malgré moi.
Blondin hèle le taxi qui me ramène à zéro, à moi, la solitude. Demain est un autre jour. Once more.