jeudi

Pique et pique et collégram

Je suis encore restée dormir, chez lui, dans ses draps, ses bras, tout contre lui. "Dormir"... A peine! Je n’étais pas chez moi; je n’étais pas seule.
Je réfléchis. Déjà. Au souvenir que tu me laisseras, quelle sera la dernière perception que j’aurai de toi.
Je me demande si ce sera le doux ronflement de la moto sur laquelle je te vois filer rue de la Brèche Aux Loups, ton casque soudainement doré comme un écho au beau soleil levant de cette première journée de printemps...
Juste avant, tu as claqué la porte derrière toi en me disant de prendre mon temps, que tu m’enverrais un sms dans la journée, pour nous voir ce soir peut-être. 7h15, tu étais en retard, il fallait que tu paies le stationnement résidentiel pour ta voiture puisqu'il était arrivé à échéance la veille, et que tu te hâtes de rejoindre la Maison ronde pour 7h30.
Je me poste derrière la fenêtre dans l’espoir de t’apercevoir une dernière fois. L’angle de vue n’est pas bon. Vrombissement de la moto que tu démarres et alors que je n’y comptais plus, vision fugitive, de celle d’une étoile filante...
Avant de quitter l’appartement, j’envisage de te laisser un mot sur la table du séjour, mot que je tracerai à l’aide des petits cailloux décoratifs de ton jardin japonais. "ENVIE". En posant la première pierre, je réalise que je n’ai pas matière pour mener à bien mon projet; je renonce. Puis serait-ce une bonne idée? En revanche, celle fomentée cette nuit me semble convenir: un roman hilarant sur l’univers de la musique, qui devrait te distraire de tes trous noirs et autres quarks indigestes que tu ingurgites actuellement... Je vais revenir le glisser dans ta boîte aux lettres et sur la deuxième de couv’, je mettrai quelque chose du goût de "Envie de te revoir à mon retour. Tu me plais." Ou, "Tu me plais. Envie de te revoir à mon retour." Je préciserai également ce que je n’ai pu faire la veille dans la discussion: que je n’étais pas sans emploi en 2006 car entre deux missions d’intérim comme tu l’as suggéré, mais parce que j’avais démissionné d’un poste en CDI –des perles aux cochons; c’est peut-être ce que tu penseras-. C’est idiot d’écrire cela là, sur un livre, mais je ne veux pas de malentendus. Je souhaite que tu saches de suite à qui tu as à affaire, que tout soit clair entre nous.
Las! "Que tout soit clair entre nous"...