dimanche

Spécial K

Il est beau et je lui ai déjà plu. Aucune raison, donc, pour que notre rencontre se passe mal. Soit, c'était il y a deux ans, mais... Je me suis tellement dépêchée que j'arrive en avance et que l'eau de la douche dont je sors à peine grelotte encore dans mes oreilles. Je le préviens que je suis là; il répond qu'il sera en retard. Dans la nuit noire sur la place de l'église, retrouvailles intuitives de l'arrogant et la lointaine de blanc vêtue.
Il me conduit dans un restaurant indonésien, ne se soucie guère que la cuisine ferme bientôt, choisit une table à cheval sur le pas de vitrine, commande augustement la même entrée et le même plat pour lui et moi... Je le regarde parler de sa grosse voisine qui couine fort amoureusement la nuit -de ce fait, il ne peut s'empêcher de penser à elle quand son amante couine à son tour un peu trop fort; l'horreur-, en me demandant pourquoi. Il n'y a rien. Rien ne se passe. De son côté, il prête de temps à autre une oreille lasse à mon mystère en cherchant sans doute ce qui lui a plu deux ans plus tôt. Mystère... Quand l'hôtesse nous met dehors, il propose malgré tout de me raccompagner. Sa bonne volonté faiblit quand il s'aperçoit qu'il faudra traverser une partie de Paris, et quand je lui propose de me déposer à la prochaine station, il a beau plaisanter sur mon possible fantasme de me faire violer dans le dernier métro, je perçois sa discrète hésitation.