dimanche

La confession d'un enfant du siècle

"Il y a trois mois que je vous vois, et un mois que je me suis aperçue que vous preniez pour moi ce qu’à votre âge on appelle de l’amour. J’avais cru remarquer en vous la résolution de me le cacher et de vous vaincre. J’avais de l’estime pour vous; cela m’en a donné davantage. Je n’ai aucun reproche à vous faire sur ce qui s’est passé, ni de ce que la volonté vous a manqué.
Ce que vous croyez de l’amour n’est que du désir. Je sais que bien des femmes cherchent à l’inspirer; il pourrait y avoir un orgueil mieux placé en elles, de faire en sorte qu’elles n’en aient pas besoin pour plaire à ceux qui les approchent. Mais cette vanité même est dangereuse, puisque j’ai eu tort de l’avoir avec vous.
Je suis plus vieille que vous de quelques années, et je vous demande de ne plus me revoir. Ce serait en vain que vous tenteriez d’oublier un moment de faiblesse; ce qui s’est passé entre nous ne peut ni être une seconde fois ni s’oublier tout à fait.
Je ne vous quitte pas sans tristesse; je fais une absence de quelques jours; si, en revenant, je ne vous trouve plus au pays, je serai sensible à cette dernière marque de l’amitié et de l’estime que vous m’avez témoignées.
Brigitte Pierson"

La confession d'un enfant du siècle, Alfred de Musset

vendredi

5700km à tire-d'aile

Quand tu m'as annoncé que tu allais peut-être partir, j'ai pensé que cette pause tombait à point nommé: nous allions voir ce que nous allions voir! Si nous passions le test de l'absence: manque ou oubli? détachement ou consolidation? retrouvailles ou séparation?

Réflexion faite, ce n'était pas la peine de partir si longtemps, tu sais? Car tu me manques...
C'est bon, tu as gagné, je me rends, te dis-je! Rentre, maintenant!

Mais je te préviens, c'est la dernière fois que tu pars, ou je te quitte!

jeudi

The Impossible

Je suis celle qui te fera chier pour des riens. Je suis celle qui s'appliquera à gâcher chaque instant de ta vie parce que c'est plus fort que tout. Je suis celle qui t'apprendra ce qu'est la poisse. Je suis celle qui ne t'aimera jamais comme tu mérites. Je suis celle qui t'aimera, mal.
Tu ne sais pas comme j'ai été folle et comme cette folie peut à tout moment me reprendre.

Et pourtant je veux tout avec toi. Je te l'ai dit. Tu as demandé: "Quoi, "tout"? J'ai oublié ce que j'ai répondu, j'ai esquivé sans doute, mais quand je dis tout, c'est tout! Tout comme j'ai jamais souhaité avec personne encore. Et je pèse mes mots, je sais bien quelle folie j'énonce là. Et j'en crève. De le penser. De l'avouer. Parce que c'est impossible.

Un dimanche

Demain, c'est dimanche. Enfin, c'est vendredi, mais dimanche pour toi. Alors, tu en profiteras peut-être pour revenir un instant à la vie d'ici, à moi. Peut-être pourras-tu consulter tes emails?...
Soudain, je voudrais t'écrire restons-en là. Que je te rendrai tes clés à ton retour. C'est trop dur pour moi, tout ça, cette absence, cette distance absurde malgré la technologie, cette solitude, que je vivais si bien avant toi.
Tu as tout chamboulé, ma retraite, puis ma rémission. Qui me dit que quand tu rentreras...
Ne me laisse plus jamais seule. Ne me quitte plus!