mercredi

Coutelas et collier de griffes

J'ai dit "Tarzan". Tu as dit "Rahan". Tu as raison -évidemment!-, "fils-des-âges-farouches", toi-même!...
"Grand, beau, fort, blond aux yeux bleus"
, il passe sans que j'aie eu le temps de bien reluquer.
À la traîne, je te regarde et mon cœur éclate de joie. Car c'est toi le plus beau...

jeudi

Much Ado About Nothing

"BÉNÉDICK : Doucement, doucement, religieux. -Laquelle est Béatrice ?
BÉATRICE : Je réponds à ce nom. Que désirez-vous ?
BÉNÉDICK : Ne m'aimez-vous pas ?
BÉATRICE : Moi ! non, pas plus que de raison.
BÉNÉDICK : En ce cas, votre oncle, et le prince et Claudio ont été bien trompés: il m'ont juré que vous m'aimiez.
BÉATRICE : Et vous, est-ce que vous ne m'aimez pas ?
BÉNÉDICK : En vérité, non ; pas plus que de raison.
BÉATRICE : En ce cas, ma cousine, Marguerite et Ursule se sont bien trompées: car elles ont juré que vous m'aimiez.
BÉNÉDICK : Ils ont juré que vous étiez presque malade d'amour pour moi.
BÉATRICE : Elles ont juré que vous étiez presque mort d'amour pour moi.
BÉNÉDICK : Il ne s'agit pas de cela. -Ainsi, vous ne m'aimez donc pas ?
BÉATRICE : Non vraiment ; seulement je voudrais récompenser l'amitié.
LÉONATO : Allons, ma nièce ; je suis sûr, moi, que vous aimez ce gentilhomme.
CLAUDIO : Et moi, je ferai serment qu'il est amoureux d'elle : car voici un écrit tracé de sa main, un sonnet imparfait sorti de son propre cerveau, et qui s'adresse à Béatrice.
HÉRO : Et en voici un autre, écrit de la main de ma cousine, que j'ai volé dans sa poche et qui renferme l'expression de sa tendresse pour Bénédick.
BÉNÉDICK : Miracle ! voici nos mains qui déposent contre nos coeurs ! -Allons, je veux bien de vous : mais, par cette lumière, je ne vous prends que par pitié.
BÉATRICE : Je ne veux pas vous refuser. -Mais, j'en atteste ce beau jour, je ne cède que vaincue par les importunités ; et aussi pour vous sauver la vie: car on m'a dit que vous étiez en consomption.
BÉNÉDICK : Silence: je veux vous fermez la bouche.
(Il lui donne un baiser.)"

-William Shakespeare-

mercredi

Saint Francis, CA, Etats-Unis

Alors, voilà! J'avais oublié jusqu'à ton nom, ton existence, et voici que tu réapparais via un docu sur Burning Man, événement dont tu dis qu'il a changé ta vie -qui du docu ou de la manifestation? Les deux, j'imagine-. L'internet ou la machine à remonter le temps. Tu as été mon premier "petit ami"; ça a duré, quoi, 3-4 mois? c'était l'année de mon bac... Tu avais 2 ans de plus de que moi, tu faisais tes études dans un département breton limitrophe, des études de... télécommunications, je crois. Aujourd'hui, tu vis à Saint Francis, en Californie. Depuis 14 ans -c'est drôle, j'arrivais à Paris, tu partais aux Etats-Unis-... Le lien qui m'a menée à toi est également celui de ta page FB, l'Incontournable du 21e siècle. "Ta page" indique d'où tu viens, où tu vis, pour quoi tu travailles; tu y "partages" des photos, vidéos, liens, pensées -j'apprends ainsi que ton père est mort il y a quelques années et qu'il te manque-. Il y a aussi ta photo, celles de ta fille et ton fils, celle de celle qui doit être ta femme...
Ta photo, une image de toi que je ne reconnais pas... Des cheveux gris, un visage empâté... non, je ne vois pas, ce n'est peut-être pas toi après tout. Bien que, les mains, le nez droit, le sourire... Alors que j'hésite et peine à te reconnaître, je tombe sur une photo où tu arbores barbe et moustache. Je réalise soudain que tu portais haut ces attributs virils, autrefois. Te voilà! Caché dans les entre-temps, tu resurgis progressivement, brièvement... J'essaie de trouver une connaissance parmi tes amis mais je ne trouve personne dans cette liste pourtant longue de... 744?!... Il est vrai que tu es producteur; ton FB doit mêler professionnel et personnel.

J'avais oublié, pourtant, il doit en rester quelques lettres "d'amour", chez ma mère; celles que nous échangions quand tu ne rentrais pas le week-end, faute de partiels ou d'essence.

vendredi

Le message

"Plus tard, l'âge ayant raboté leurs aspérités, quand les années, qui ne seront pas parvenues à les séparer, les auront ajustés l'un à l'autre, ils franchiront, ensemble, le dernier parcours."

-Andrée Chedid-

jeudi

Pour que dure le désir

"(...) mauvaise gestion des conflits, empiétement sur le territoire de l’autre, mauvaises habitudes quotidiennes (laisser-aller physique, paresse intellectuelle), erreurs de communication (non-dits, mal-dits), etc. A quel moment avons-nous cessé de regarder notre partenaire comme un amoureux à conquérir sans cesse? Faisons-nous ce minimum d’efforts pour aiguiller sa curiosité, stimuler sa sensualité? Bénéficie-t-il de notre bienveillance et de notre soutien?"

Francis Métivier

"(...) Et de même que J. F. Kennedy déclarait "Ich bin ein Berliner" (Je suis un Berlinois), tout homme pourrait dire, en quelque sorte : "Je suis une femme". Après tout, la grammaire oblige bien la femme à dire qu'elle est un Homme."

Simone de Beauvoir et la Journée des femmes : la femme n'est pas une catégorie à part

dimanche

La confession d'un enfant du siècle

"Il y a trois mois que je vous vois, et un mois que je me suis aperçue que vous preniez pour moi ce qu’à votre âge on appelle de l’amour. J’avais cru remarquer en vous la résolution de me le cacher et de vous vaincre. J’avais de l’estime pour vous; cela m’en a donné davantage. Je n’ai aucun reproche à vous faire sur ce qui s’est passé, ni de ce que la volonté vous a manqué.
Ce que vous croyez de l’amour n’est que du désir. Je sais que bien des femmes cherchent à l’inspirer; il pourrait y avoir un orgueil mieux placé en elles, de faire en sorte qu’elles n’en aient pas besoin pour plaire à ceux qui les approchent. Mais cette vanité même est dangereuse, puisque j’ai eu tort de l’avoir avec vous.
Je suis plus vieille que vous de quelques années, et je vous demande de ne plus me revoir. Ce serait en vain que vous tenteriez d’oublier un moment de faiblesse; ce qui s’est passé entre nous ne peut ni être une seconde fois ni s’oublier tout à fait.
Je ne vous quitte pas sans tristesse; je fais une absence de quelques jours; si, en revenant, je ne vous trouve plus au pays, je serai sensible à cette dernière marque de l’amitié et de l’estime que vous m’avez témoignées.
Brigitte Pierson"

La confession d'un enfant du siècle, Alfred de Musset