jeudi

Much Ado About Nothing

"BÉNÉDICK : Doucement, doucement, religieux. -Laquelle est Béatrice ?
BÉATRICE : Je réponds à ce nom. Que désirez-vous ?
BÉNÉDICK : Ne m'aimez-vous pas ?
BÉATRICE : Moi ! non, pas plus que de raison.
BÉNÉDICK : En ce cas, votre oncle, et le prince et Claudio ont été bien trompés: il m'ont juré que vous m'aimiez.
BÉATRICE : Et vous, est-ce que vous ne m'aimez pas ?
BÉNÉDICK : En vérité, non ; pas plus que de raison.
BÉATRICE : En ce cas, ma cousine, Marguerite et Ursule se sont bien trompées: car elles ont juré que vous m'aimiez.
BÉNÉDICK : Ils ont juré que vous étiez presque malade d'amour pour moi.
BÉATRICE : Elles ont juré que vous étiez presque mort d'amour pour moi.
BÉNÉDICK : Il ne s'agit pas de cela. -Ainsi, vous ne m'aimez donc pas ?
BÉATRICE : Non vraiment ; seulement je voudrais récompenser l'amitié.
LÉONATO : Allons, ma nièce ; je suis sûr, moi, que vous aimez ce gentilhomme.
CLAUDIO : Et moi, je ferai serment qu'il est amoureux d'elle : car voici un écrit tracé de sa main, un sonnet imparfait sorti de son propre cerveau, et qui s'adresse à Béatrice.
HÉRO : Et en voici un autre, écrit de la main de ma cousine, que j'ai volé dans sa poche et qui renferme l'expression de sa tendresse pour Bénédick.
BÉNÉDICK : Miracle ! voici nos mains qui déposent contre nos coeurs ! -Allons, je veux bien de vous : mais, par cette lumière, je ne vous prends que par pitié.
BÉATRICE : Je ne veux pas vous refuser. -Mais, j'en atteste ce beau jour, je ne cède que vaincue par les importunités ; et aussi pour vous sauver la vie: car on m'a dit que vous étiez en consomption.
BÉNÉDICK : Silence: je veux vous fermez la bouche.
(Il lui donne un baiser.)"

-William Shakespeare-